Directeur d’école, un métier méconnu

Le directeur d’école d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec l’homme qui rodait dans les couloirs pour crier sur les cancres et veiller à la ponctualité des enseignants. Un simple coup d’œil sur ce DESCRIPTIF ET CAHIER DES CHARGES DIR et DESCRIPTIF ET CAHIER DES CHARGES_DIR-ADJ permettra de s’en rendre compte (voir aussi « Rentrer dans le cadre » Enquête de l’UNIGE au cœur du travail de direction).

Actuellement dans le Canton de Neuchâtel pour l’école obligatoire, on compte un poste de direction pour 475 élèves, 950 parents et 50 enseignants.

Si certains estiment que c’est trop, d’autres pensent que ce n’est pas un encadrement suffisant. Si l’on considère le monde de l’entreprise et sachant que les directions (direction et direction adjointe) assument les charges ci-après, combien compterait-on de cadres pour une efficience similaire ?

  • Gestion du personnel : RH (engagement, démission, remplacement du personnel), conflits et organisation du personnel (administration, conciergerie, direction, enseignement)
  • Budgets et comptes (y compris salaires pour certains cercles)
  • Contrôle de l’enseignement (traduit par développement de la qualité de l’enseignement) et conduite du suivi pédagogique et socio-éducatif des élèves
  • Gestion des actifs (immobilier, mobilier, matériel scolaire)
  • Relation avec les parents, le Conseil d’établissement scolaire, les autorités (du cercle, des Communes, des services de l’Etat et judiciaires), les institutions, les organismes complémentaires (OPE, APEA, AEMO, CNPea, OCOSP, CERFASY, Croix Rouge, FAPEN, …) et les partenaires de l’école (entreprises, services communaux, associations pour l’école…)
  • Définition et application des stratégies pédagogiques définies par le Cercle
  • Application de la législation cantonale et des lignes directrices définies par le Département
  • Participation aux groupes de travail et de pilotage nécessaires à la mise en œuvre de la structure pédagogique du Département.

La question, cependant, est de savoir quelle école nous voulons. Instruire et éduquer, quoi qu’on en pense, est un métier pour lequel on se forme. Aussi, l’accompagnement de l’humain ne s’improvise pas. Développer et maintenir un climat de travail en lien avec des standards officiels, tenir compte des valeurs, des réalités et du légitime épanouissement de chacun fait partie intégrante du travail d’équilibriste des directions au quotidien.

(Voir aussi la charte professionnelle des directions d’école de Suisse allemande: SH_Berufsleitbild VSLCH_f ainsi que l’ Article paru dans « Libertés neuchâteloises » du 6.2.2015 )

La professionnalisation de l’école

HarmoS, parmi tous ses enjeux, c’est également la volonté de mettre en place en Suisse une école professionnalisée, gérée par des professionnels de l’éducation et de la pédagogie plutôt que par des miliciens.

Certes, tout le monde est allé à l’école, en a sa propre vision et une idée de la manière dont elle doit fonctionner. Cependant, notre monde s’est complexifié (familles monoparentales, immigration,  intégration des élèves à besoins éducatifs particuliers…) et l’école accueille une population de plus en plus hétérogène. De plus, les attentes portées sur l’école sont nombreuses : attentes des parents, des autorités et des milieux économiques, attentes autour des enjeux politiques et de société (développement durable, citoyenneté et démocratie…), ceci avec un plan d’études romand (PER) qui demande un enseignement et un encadrement de plus en plus différencié et individualisé des élèves. Ainsi, au carrefour de ces tensions, il est primordiale de pouvoir s’appuyer sur des directions professionnelles, qui œuvrent à construire et à répondre d’une école centrée sur ses missions complexes et essentielles ; instruire et éduquer les citoyens responsables, critiques et créatifs de demain.

Les directions créent-elles de « l’administratif » ?

Le terme « administration » renferme beaucoup d’idées contradictoires. De l’avis général, il y a toujours trop d’« administratif » et ce n’est pas les directions qui diront le contraire…

Dans les faits, l’administration de l’école découle directement des lois et des arrêtés définis par la politique cantonale. Les directions sont en charge de l’opérationnel et donc veillent à l’application des lois et directives édictées par le canton. En ce sens, l’administration vise à garantir l’équité de traitement dans le suivi des élèves, des enseignants et de l’école en général selon les axes et priorités définis par l’Etat, en se prémunissant de toute subjectivité individuelle ou partisane.

Les pratiques des directions d’écoles influencent la réussite des élèves

Publié le 31 octobre 2013 par Bruno Hubert sur RIRE (réseau d’information pour la réussite éducative ) 

Selon certaines études, les directions d’écoles pourraient avoir une influence déterminante sur la réussite des élèves.

Il est bien connu que la réussite éducative est souvent associée à l’origine socio-économique des élèves, mais des études ont aussi montré que des écoles de milieux défavorisés peuvent obtenir des taux de réussite comparables à celles de milieux plus favorisés. En fait, la défavorisation sociale constituerait davantage un facteur de risque, qui peut être rééquilibré par les pratiques en vigueur dans l’école.

Il est clair que les pratiques des enseignants sont particulièrement importantes pour faire la différence, mais la contribution de la direction de l’école serait loin d’être négligeable, notamment par son influence sur les enseignants. (Voir l’article en entier)

Voir également Promouvoir l’enseignement publique en période d’austérité Orientation politique du CSEE

Avril 2015